Mesure des émission/séquestrations de CO2 et de l’évapotranspiration réelle en Afrique de l’Ouest

Très peu de stations de mesures de CO2 sont déployées en Afrique

Alors que le GIEC démontre dans son dernier rapport le lien entre les émissions de gaz à effet de serre de sources anthropiques et le réchauffement climatique, chaque acteur économique cherche des arguments vertueux en annonçant sa neutralité carbone, relative, souvent par compensation de ses émissions de CO2 par la plantation d’hectares de forêt. En dépit du fait que ces mécanismes peuvent être considérés comme une illusion et n’incitent pas à des changements de comportement, la capacité des écosystèmes à séquestrer le carbone reste encore très incertaine, surtout en zone intertropicale, en particulier en Afrique, où très peu de stations de mesures sont déployées (Figure 1, d’après Chu et al. 2017).

Deux nouvelles stations installées au Bénin en 2022

Dans le cadre d’une mission longue durée (financement IRD) de Jean-Martial Cohard, Enseignant-Chercheur à l’Université Grenoble Alpes (France), 2 nouvelles stations de mesures de l’émission/séquestration du CO2 et de la consommation d’eau par les écosystèmes ont été installées au Bénin.

  • La première est située dans la région de Djougou (1.60°O - 9.74°N) au Nord du Bénin sur une ancienne jachère se transformant en savane arbustive pour un retour vers un écosystème forestier naturel.
  • La deuxième est située Sud du Bénin (Dangbo, à 15 km au N/N-O de Porto-Novo) sur une plantation de Palmier à huile (2.54°O – 6.60°N).


    Figure 1 : Distribution des stations de mesure des Flux d’évapotranspiration et de dioxyde de carbone (CO2) installées ou ayant été installées dans le monde. La taille des cercles illustre le nombre d’années de données disponibles. Crédits : Chu et al., 2017.



Complètent le réseau de suivi du CO2 et de l’évapotranspiration au Bénin

La jachère de long terme peut être considérée comme la restauration d’un écosystème naturel, ceux-là même qui sont convertis en culture. Le suivi de cet écosystème permettra ainsi de quantifier les temps caractéristiques de croissance, ses capacités de séquestration du carbone et de les confronter à ceux des cultures de remplacement.

Les plantations de palmier à huile sont peu documentées (Kiew et al. 2020) alors que 27 millions d’hectares sont concernés sur les continents Africain, Asiatique et Américain. De par leur croissance rapide, la capacité de séquestration est importante (Lamade & Bouillet 2005). Bien que cette culture remplace en général des espaces de forêt naturelle, il convient de bien renseigner son fonctionnement, ses bénéfices et ses impacts. Cette station est financée par ’OWSD (The Organisation for Women in Science for the Developing World) Early Career Fellowship’ dont Ossénatou Mamadou, Enseignant-chercheur à l’Institut de Mathématiques et de Sciences Physiques (IMSP) de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC, Bénin), est lauréate.

Ces deux stations s’ajoutent aux deux stations de mesures de l’observatoire AMMA-CATCH (Galle et al. 2018) précédemment installées sur une zone agricole et sur une forêt protégée respectivement en 2007 et 2008 (Mamadou et al. 2016). Ces mesures permettent également de quantifier la quantité d’eau qui retourne dans l’atmosphère sous forme de vapeur d’eau et qui ainsi n’est plus disponible en tant que ressource. Au Bénin, cela représente plus de 2/3 des quantités d’eau précipitées. Ces observations permettent de valider des modèles hydrologiques qui résolvent le Bilan d’énergie pour ces éco-systèmes et simulent l’évapotranspiration. Le Bénin est aujourd’hui le pays d’Afrique de l’Ouest qui opère le plus de stations mesure de ce type et qui a constitué les séries d’observation les plus longues.

Figure 2 : Stations d’Eddy-Covariance pour la mesure des flux d’évapotranspiration et de dioxyde de carbone (CO2) sur une savane arbustive dans la région de Djougou et sur une palmerais près de Porto-Novo. (c) J-M. Cohard

Références :

Mis à jour le 30 juin 2022